Équipements anti-légionelle

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zoom sur un pommeau de douche en sdb

Les légionelles sont des bactéries thermophiles, parasites des organismes unicellulaires aquatiques (protozoaires, ciliés, amibes...), contenus dans les réseaux de distribution d’eau.

Elles provoquent, par inhalation de microparticules d’eau infectées, des infections aux symptômes grippaux guérissant spontanément en quelques jours (fièvre de Pontiac) ou des infections pulmonaires sévères (légionellose ou maladie du légionnaire), pouvant être mortelles.

La dangerosité de la maladie impose de doter les équipements à risques de moyens de lutte anti-légionelle efficaces.

Les facteurs à risques de développement des légionelles

Comment les légionelles se développent-elles ?

En dessous de 20 °C, les légionelles présentes naturellement dans l’eau en faible quantité (quelques bactéries/m³) ne se développent pas. Entre 50 et 55 °C, elles survivent, mais ne se reproduisent plus. Au-delà, elles sont détruites dans un laps de temps inversement proportionnel à la température : plusieurs heures à 55 °C, une trentaine de minutes à 60 °C, moins de 2 minutes à 70 °C et quelques secondes à 80 °C (source DASS).

La température optimale de prolifération des bactéries est entre 25 et 45 °C. Dans cette plage de températures, 2 à 4 heures suffisent pour doubler la concentration de la colonie.

Les réservoirs à eau chaude, les tours d'aéro-réfrigération et de façon plus générale tous les appareils stockant longtemps de l’eau à température critique sont les principaux vecteurs de contamination.

Attention : il convient tout autant d’être prudent dans l’utilisation d’eau froide transitant par des tuyauteries exposées au soleil ou à une source de chaleur : réseaux à l'air libre, douches de piscines, robinets de puisages des campings ou des ports maritimes et fluviaux, fontaines à circuits fermés, humidificateurs, brumisateurs, capteurs solaires...

Comment limiter les risques ?

Une prophylaxie simple et efficace de la légionellose consiste à maintenir l’eau à une température supérieure à 55 °C.

La plupart des appareils de production d’eau chaude domestique sont dotés de thermostats dont la plage de réglage, supérieure à 50 °C, réduit les risques de prolifération des légionelles.

Dans les installations collectives, ce dispositif anti-légionelle simplissime est souvent insuffisant. Il est alors appliqué avec plus de rigueur au moyen d’un système de pasteurisation en continu, assurant la destruction permanente des bactéries à 70 °C. Pour des raisons de sécurité, l’eau est ensuite refroidie, pour être distribuée à 55 °C.

Bon à savoir : dans les portions de réseaux peu utilisés où l’eau refroidit, sujets à d’importants dépôts calcaires et à la formation de biofilms, il est prudent de laisser s’écouler l’eau quelques secondes avant de l’utiliser.

Les principaux moyens de lutte anti-légionelle

Lorsque la destruction permanente des bactéries par pasteurisation en continu n’est pas applicable (réseaux d’eau froide, humidificateurs, bacs à condensats…), on recourt à d’autres techniques de décontaminations permanentes ou ponctuelles.

Choc thermique

Cette méthode de décontamination anti-légionelle ponctuelle consiste à porter l’ensemble du réseau à une température de 70 °C, pendant au moins 30 minutes.

Facile à mettre en œuvre dans des locaux individuels, cette méthode s’avère onéreuse. Elle ne garantit pas la température requise en bout des circuits des grandes installations. Elle favorise l’entartrage et la formation de biofilms (réinfection rapide) et peut dégrader les éléments en PVC ou en acier galvanisé. Elle nécessite enfin l’arrêt momentané du service, condition inenvisageable dans les établissements sensibles (hôpitaux, maisons de retraite…).

Traitement au chlore

Il s’agit d’injecter du chlore dans les canalisations, à fortes doses en traitement curatif (50 mg/l) ou très dilué en traitement permanent (1 mg/l).

Outre le désagrément de l’odeur, ces méthodes s’avèrent peu fiables à long terme (accoutumance des bactéries, pas de rémanence, biofilm résistant…). Le chlore peut devenir toxique et est agressif pour les installations.

Bon à savoir : cette technique est contre-indiquée dans les services de santé (circulaire 98/771 pour la lutte contre la légionellose).

Peroxyde d’hydrogène et ions d’argent

Appliqué comme le chlore en injection, le cocktail peroxyde d’hydrogène/ions d’argent se révèle plus efficace, sans odeur, non toxique, sans effet nocif sur les canalisations et agit sur un plus large spectre (antiviral, fongicide, sporicide, algicide…).

Bon à savoir : en prévention ou en traitement curatif, cette méthode détruit le biofilm, réduit le calcaire et a un effet rémanent.

Les équipements de protection locaux

Les fabricants proposent des dispositifs de filtration spécialisés dans la prévention des contaminations par les légionelles.

À​ titre d’exemple, il est possible de se protéger efficacement des contaminations par l’utilisation de pommeaux de douches anti-légionelles ou en interposant un filtre anti-légionelles sur les circuits de puisage, de nébulisation ou encore sur les robinets des zones sensibles.

La lutte anti-légionelle est encadrée par la loi

La légionellose est une maladie soumise à déclaration obligatoire.

L’arrêté du 1er février 2010 réglemente la veille anti-légionelle dans les établissements de santé, les maisons de retraite et les sites recevant du public. Le prélèvement annuel obligatoire réalisé par un laboratoire accrédité doit montrer une concentration en légionelles inférieure à 1 000 UFC /l, faute de quoi « toutes les mesures correctives doivent être prises sans délai ».

La loi met également en évidence les obligations et les responsabilités de chacun, aux termes notamment des textes suivants :

  • article 35 du décret N° 89 du 01-01-1989 : entretien et vérification du bon état de fonctionnement des installations ;
  • article 2 du décret N° 89.3 du 03-01-1989 : exigences et obligations en matière de qualité de l’eau ;
  • circulaires DGS N° 98.771 du 31-12-1998 : propriétés de l’eau mise à disposition du public ;
  • circulaire DGS N° 97.311 du 24-04-1997 : diagnostic des réseaux, entretien et contrôle ;
  • circulaire DGS N° 2002.243 du 22-04-2002 : taux légal de légionelle dans l’eau, gestion des risques.

Note : UFC signifie « Unité faisant colonie ».

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